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XXXV
Préface.

auteurs contemporains les faits dont ils ont gardé comme elle le souvenir, c’est qu’elle les a tirés de son propre fonds ; c’est que les Mémoires sont authentiques.

Veut-on en douter encore ? Mon Dieu, qu’on les lise. Ce n’est ni la manière ni le style d’un romancier. Les Mémoires sont très-certainement d’une femme. Avec quelle complaisance l’auteur raconte les petits triomphes que sa beauté lui a valus, quoiqu’elle affecte de ne pas dire qu’elle étoit belle ! Comme elle aime à se vanter de l’ascendant qu’elle exerçoit sur son mari ! Avec quel sentiment pudique elle voile, pour les rappeler, les joies de son mariage ? Madame de La Guette a la prétention d’avoir eu un caractère et des goûts tout virils : elle étoit inaccessible à la crainte ; elle montoit hardiment à cheval, manioit le fleuret avec adresse et tiroit un coup de pistolet très-résolument ; elle auroit été heureuse de se trouver aux occasions, comme on disoit alors ; aucune musique ne lui étoit plus agréable que celle des tambours, et la voix du canon avoit pour ses oreilles un charme irrésistible. Lisez pourtant l’anecdote de son portrait qu’elle envoya à son mari pendant le siége de Spire, et vous verrez si elle oublie jamais qu’elle est femme. M. de La Guette montre ce portrait à ses amis ; il les réunit dans une petite fête pour célébrer la réception de la peinture aimée ; et quand le