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de Mme  de La Guette.

suis ici pour attendre l’honneur de vos commandements. J’ai des lettres de créance de M. de Marsin pour M. le Prince. Je partirai quand il plaira à Votre Majesté pour me rendre auprès de Son Altesse. » La reine dit : « Voilà Philippe qui vous mènera demain, après-dîner, chez M. le Cardinal, qui vous dira la volonté du roi là-dessus. »

Nous nous retirâmes. M. Philippe nous ramena chez nous et me témoigna qu’il étoit fort content et qu’il avoit bien reconnu que la reine étoit très-satisfaite de ce que je lui avois dit. Le lendemain, sur les quatre heures, il nous vint reprendre pour aller chez M. le Cardinal. Quand nous fûmes à la porte qui donne sur l’escalier, nous trouvâmes cinq ou six personnes qui attendoient pour entrer, entre autres M. de Château-Roi, celui qui étoit venu chez nous avec M. le comte de Marsin. Il pensa tomber de son haut quand il nous vit en ce lieu-là, parce qu’il croyoit que M. de La Guette étoit à Bordeaux. Nous parlâmes un moment ensemble. Cependant M. Philippe frappa à la porte. L’on vint demander : « Qui est-ce ? » « C’est un nommé Philippe qui voudroit bien parler à M. de Baisemont[1] pour des affaires pressées ; vous le lui direz, s’il vous plaît. » M. de Baisemont vint aus-

  1. Capitaine des gardes du cardinal Mazarin. Il fut fait gouverneur de la Bastille en 1658. Il avoit servi avec quelque distinction, notamment en Catalogne. Son nom est écrit dans les mémoires du temps de bien des manières différentes : Besmans, Baizemots, Baissemaux, Besmaut. Il signoit, lui, de Besmaux.