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de Mme de La Guette.

voulu charger de moi dans un si grand voyage. Sainte-Olive lui repartit qu’il n’avoit jamais eu tant d’honneur ni tant de satisfaction, puisque j’avois bien voulu me fier à sa conduite. On parla de toutes choses, et incontinent après Sainte-Olive se retira par discrétion. Quand nous nous vîmes seuls, mon mari me demanda le sujet de mon voyage. Je lui dis : « Je vous prie, ne me pressez point là-dessus. Vous le saurez quand il en sera temps. Cependant, que rien ne vous inquiète. » Il ne m’en parla plus, car il savoit fort bien que ç’auroit été temps perdu et que j’avais les lèvres cadenassées quand il étoit question de garder un secret. Nous nous entretînmes de nos affaires domestiques et de toutes les pertes et les peines que j’avois eues par la guerre.

Sainte-Olive rentra, et on apporta à souper. Nous étions tous trois si gais qu’on ne le peut pas être davantage. Nous mangeâmes de grand appétit et demeurâmes à table à la hollandoise, c’est-à-dire fort longtemps. Nous y dîmes cent choses plaisantes, car mon mari étoit d’une humeur extrêmement railleuse et facétieuse, et Sainte-Olive s’y entendoit assez. Le lendemain du matin ils furent trouver M. le marquis de Chanleau, que mon mari étoit

    débute dans la carrière militaire par la lieutenance des gardes du comte d’Harcourt. Il avoit servi avec quelque distinction, notamment au premier siége de Lérida ; mais il fut remarquable surtout par sa constante fidélité au parti de M. le Prince. Il épousa en secondes noces Louise-Blanc du Bos. C’est en faveur de son fils aîné que la terre de Chavagnac fut érigée en marquisat.