Page:La Guette - Mémoires, 1856.djvu/188

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
136
Mémoires

Il fit cent caresses au sieur de Sainte-Olive et lui témoigna l’obligation qu’il lui avoit de s’être bien

    froyable malheur qui venoit de lui arriver. Je ne fus pas moins attendri que lui : mais quelque effort que je fisse pour lui faire prendre quelque nourriture, il me fut impossible de lui rien faire prendre de quarante-huit heures. M. de Candale et tant de gens de mes amis s’employèrent à le consoler qu’il résolut d’aller cacher sa douleur chez lui, où monsieur le Prince lui envoya deux mille écus pour le défrayer de la perte qu’il venoit de faire. » Mém. de Chavagnac, page 173 du premier volume.
    La Gazette de France a beaucoup moins de pitié pour Chavagnac, qu’elle accuse d’avoir tyrannisé les habitants de Sarlat et d’avoir poussé la cupidité jusqu’à « violer la paix des tombeaux » pour y trouver de l’argent ; elle dit que sa femme fut seulement blessée ; mais ce n’est pas ce que nous voulons faire remarquer. Elle insiste longuement sur la part que les magistrats de la ville prirent au mouvement ; elle en nomme plusieurs avec éloge : Borcel, avocat et consul ; De Costes et Sainclar, conseillers au présidial. Voilà, croyons-nous, ce qui est d’autant plus digne d’attention que madame de La Guette, Balthazar et Chavagnac ne parlent que des officiers du régiment de Marsin.
    Chouppes, qui n’aimait pas Marsin, lui impute la responsabilité des deux tragédies de Périgueux et de Sarlat : « Marsin, dit-il, sépara son année en trois corps, dont il donna le commandement à Balthazar, à Chavagnac et au marquis d’Aubeterre ; et lui se retira à Bordeaux… M. de Candale ayant été averti de cette manœuvre, se retira d’Agen et envoya le chevalier d’Aubeterre vers le Mont-de-Marsan avec quelques troupes pour serrer Balthazar. M. de Candale fit des entreprises sur nos quartiers, surprit Jarzay, fit Chavagnac prisonnier, fit révolter les régiments de cavalerie et d’infanterie de Montpouillan et même celui de Marsin, défit le corps des gendarmes et mon régiment, qui étoit de la brigade du marquis d’Aubeterre. Le comte de Maure fut fait prisonnier, et enfin l’armée de M. le prince devint à rien par la faute d’un homme qui étoit incapable de suivre de bons conseils. » Mémoires du marquis de Chouppes, page 22 de la deuxième partie.
    L’affaire de Sarlat est du 23 mars 1653. Le héros infortuné de cette triste aventure s’appeloit François de Chavagnac. Il avoit