temps à Périgueux, j’écrivis à mon fils qui étoit à Sarlat, et lui envoyai un exprès pour l’obliger de me venir trouver. J’étois dans la plus grande impatience du monde de le voir, car je l’aimois autant qu’une bonne mère peut aimer son enfant. Il
hommes pour aller assiéger Périgueux d’un côté, tandis que
Sauvebœuf l’attaqueroit de l’autre. Il devoit me donner la parole,
et moi commander les attaques et agir sous ses ordres.
Chanclos (Chanlot), avec douze cents hommes du régiment de
Condé, en étoit gouverneur et se préparoit à une grande défense,
quand à dix lieues de Bordeaux, dînant chez le marquis
de Forçat (Fortia), mon parent, trois hommes y abordèrent,
disant avoir des lettres pour M. le comte de Chavagnac, de la
part de la ville. J’y trouvai qu’elles étoient d’un magistrat
nommé Boudin, qui avoit eu un différent avec Chanclos, qui,
pour le surprendre dans des intelligences avec nous, étoit allé
heurter à sa porte. Boudin en ayant été averti et se croyant
perdu, pria deux de ses amis de le défendre ; ce qui leur fit
prendre trois mousquetons qu’ils déchargèrent sur Chanclos et
deux officiers qu’ils tuèrent sur la place. Et aussitôt, sortant
dans la rue, ils crièrent : Liberté ! vive le roi ! La Baume rassembla
le régiment dans un canton de la ville ; mais se sentant
accablés, ils se rendirent à discrétion. C’étoient ces messagers
que Boudin envoyoit pour en porter la nouvelle à M. de Candale,
afin de recevoir ses ordres pour la manière dont on devoit les
traiter. Ils ajoutèrent que Sauvebœuf étoit venu à leur porte,
mais qu’ils n’avoient pas voulu lui ouvrir, sachant bien qu’il les
feroit piller. Je les louai de leur zèle et de leur courage, leur
donnai un officier et sis cavaliers pour les conduire à M. de Candale. »
Page 197 du premier volume ; édition de Besançon, 1699.
Chavagnac raconte ensuite comment il entra dans la ville, comment
il fit un traité avantageux pour les officiers de Condé,
comment enfin il sauva la vie au maire et obtint que Périgueux
ne seroit pas démantelé, moyennant un présent de 100,000 livres
pour le duc de Candale et un autre de 3,000 pistoles pour lui.
Boudin, que la Gazette de France appelle Bodin, étoit procureur
du loi au présidial de Périgueux. Cet événement est du
16 octobre 1653.