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de Mme de La Guette.

conduite, de grande naissance, bien faite de sa personne et fort riche. Il y avoit en elle de quoi satisfaire le seigneur du monde le plus délicat ; aussi a-t-elle été recherchée par quantité de personnes de qualité. Je m’adressai à une dame de mes amies et lui communiquai mon dessein ; car j’étois assurée qu’elle étoit parfaitement bien auprès de madame la marquise de Clermont, sa mère[1], et qu’ainsi elle pourroit lui en faire l’ouverture, ou monsieur son mari, qui en étoit aussi fort considéré, et qu’ensuite je parlerois tout de bon. Cela se fit de la sorte. Madame et mademoiselle de Clermont, qui connoissoient la réputation de M. le comte de Marsin et qui savoient que M. le Prince en faisoit grande estime, n’eurent pas de peine à écouter ce que leur dit mon amie, et ne désapprouvèrent point ma pensée, que je leur fis connoitre plus amplement et d’une manière que le tout étoit en bon état quand le roi lui fit la grâce de le mettre en liberté, ce qui arriva incontinent après celle des princes. Mon mari et mon fils allèrent à sa rencontre à trente lieues de Paris. Aussitôt qu’il eut vu le roi et toute la cour, il dit à mon mari : « Allons voir madame de La Guette, » et amena avec lui M. de Château-Roy[2], qui étoit gouver-

  1. Louise Lhuillier de Boulencourt. La réputation de la marquise d’Entraigues étoit assez bien établie pour qu’elle ait pu, au témoignage de Tallemant des Réaux, commencer la réhabilitation de mademoiselle Paulet en la recevant chez elle.
  2. Il étoit aide de camp à la bataille de Llorens, gagnée sur les Espagnols par le comte d’Harcourt en 1645 ; et, la même année,