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Le Bouif errant

La mandarine de Bicard s’y engouffra ainsi qu’un projectile dans un passe-boules.

Surpris, furieux et suffoqué, le comte Michaël Bossouzof devint tellement cramoisi que ses deux compagnes s’effrayèrent.

— Tapez-lui dans le dos, clama le Bouif, ou versez-lui un siphon sur la tête. Un siphon, c’est un effet sûr. C’est le meilleur des tropiques estimulant pour les gens qui ont le cou rétréci comme les perroquets et les tortues. Quand je fréquentais les réunions des Lipodromes j’ai connu un receveur du Mutuel qui a failli clampser de la même façon pour avoir avalé un stylo…

La phrase fit impression sur Ladislas :

— Mais c’est le Bouif, fit-il tout à coup à son compagnon. Le Bouif ! Un original individu qui m’a souvent communiqué aux Courses des tuyaux sûrs. Je le reconnais parfaitement. C’est un ami. Émile, voulez-vous prier ce monsieur de venir prendre un cocktail avec nous.

Le gérant s’empressa d’obéir.

Deux minutes plus tard, Bicard, présenté aux amis de Ladislas et aux dames, jetait du sommet de son tabouret cette affirmation fantaisiste :

— Je faisais la grande nouba avec des copains. À preuve qu’on était allés dans une fumisterie de stupéfiants et qu’on venait de se mettre en tenue pour fumer la coco dans des pipes…

— Dans des pipes ? fit une petite femme étonnée. C’est pas possible !

Bicard n’était pas très documenté, mais il avait pour habitude de ne jamais avouer son ignorance.

— Vrai comme je vous cause, ma chérie, dit-il.