Les grenouilles, d’après leur historien La Fontaine, ont toujours adoré les rois et soutenu l’autorité absolue.
Elles ne manquèrent donc point à la tradition et se mirent, en chœur, à acclamer le prince « Ça-Va » dans toutes les mares de nuit de Montmartre, de Montparnasse et d’ailleurs.
Cela eût facilité beaucoup les recherches du comte Michaël si, conformément à un usage invétéré dans la diplomatie yougo-slave, Bossouzof n’avait pas été constamment saoul. Ce fâcheux état d’esprit l’empêchait de se rendre parfaitement compte du motif de ces manifestations extérieures.
Il s’imaginait naïvement que le cri de « Vive le Roy ! » était une exclamation naturelle des poules de la République française, qui poussaient cette clameur lorsqu’elles étaient excitées, amoureuses, assouvies ou simplement tapageuses.
En Carinthie, il était aussi d’usage de crier « Vive le Roy ! » chaque fois qu’on reposait sur la table une bouteille vide.
Bossouzof n’avait garde d’oublier cette coutume moldo-valaque. Ce soir-là, installé au Bahr-el-Gazal entre deux petites volailles de luxe attachées à l’établissement, il avait particulièrement acclamé son jeune souverain sans se douter le moins du monde que Ladislas, juché à dix mètres de lui sur un haut tabouret du comptoir des cocktails, protestait avec la plus grande indignation contre l’ovation qu’on lui faisait.
— Vive le Roi ! Vive Ça-Va Ier ! Vive le prince Ça-Va !
— Vive Paname ! hurla avec force le jeune