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Le Bouif errant

grand mécontentement dans le parti légitimiste que cette situation ridicule rendait à peu près inutile.

En revanche, elle autorisait toutes les audaces du parti révolutionnaire et de son chef, Stiépanof Kolofaneski.

Car le parti révolutionnaire de Carinthie était tellement avancé qu’il en devenait rétrograde.

Kolofaneski nourrissait le secret espoir d’obtenir, par la douceur ou par la violence, la main de la princesse Mitzi et de s’emparer ainsi légitimement du trône, ce qui eût contenté, à la fois, les comités révolutionnaires et muselé l’opposition de la coterie royaliste.

Il trouvait également Mitzi fort à son goût. Il estimait que son grand uniforme de chef de la révolution serait très décoratif dans un landau de gala à côté de cette jolie fille, dont les yeux sombres, la bouche, les cheveux, les dents et la merveilleuse anatomie avaient été chantés par tous les poètes subventionnés, et photographiés dans toutes les cérémonies patriotiques.

En revanche, Mitzi trouvait ce prétendant odieux et absolument grotesque.

Elle cachait toutefois son opinion, par crainte de la vengeance de la société secrète officielle de la Carinthie, dont Kolofaneski était le Grand Maître, la terrible association des C. D. E. L. P. (Les Cinq doigts et le Pouce), qui terrorisait ses adversaires et s’en débarrassait mystérieusement quand ils devenaient trop gênants.

C’est pourquoi Mitzi ne put qu’encourager secrètement le conseil de la Couronne à retrouver le prince Ladislas, égaré à Paris depuis son enfance.