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Le Bouif errant

Le grand-duc était mort subitement, dans les bras d’une femme du monde, que le parti révolutionnaire avait subtilement entraînée à ce genre d’exercice politique.

Par suite de cet accident de métier, le grand-duc n’avait pu désigner officiellement son successeur à la couronne.

Le parti royaliste, qui avait totalement délaissé le jeune prince Ladislas, dont il ignorait à peu près l’existence et absolument l’adresse, se trouvait donc fort perplexe.

Il n’y avait, comme héritière possible à la couronne qu’une jeune fille de dix-sept ans, la Princesse Mitzi, la propre nièce d’Yvan.

Malheureusement la petite princesse ne pouvait monter sur le trône, d’après la loi carinthienne, qu’après son mariage avec un prince consort. Le royaume ne pouvait être gouverné par une femme seule. Il fallait assurer une descendance légitime, sinon la succession devenait une source de conflits européens.

Mais la princesse Mitzi, qui était fort jolie et très indépendante, entendait formellement n’épouser que le mari qu’elle choisirait. Elle n’en avait trouvé aucun dans le royaume et se contentait, comme distractions, de ses chevaux, de ses chiens, de ses professeurs de Charleston, de ses toilettes et de ses coiffures.

Elle éprouvait pour la politique une aversion comparable à celle du prince Ladislas, son cousin. L’horreur du pouvoir était un atavisme particulier à cette famille régnante. Il en résultait un