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Le Bouif errant

Rien ne t’empêche de commencer tes recherches.

Le Bouif haussa tellement les épaules que la sacoche, qu’il portait en bandoulière, se décrocha et glissa à terre.

— je vais te confondre, Ladislas. Tiens, garde la Princesse et les Millions de la Communauté, moi, je pars à la découverte.

— Rapportez encore des moules et des crevettes, cria Mitzi. Pensez à nous, monsieur Bicard.

Le Bouif eut un sourire supérieur. Enfin, Mitzi l’appréciait à sa valeur. Il avait été remarqué. Les yeux et l’attitude de Mitzi lui avaient fait clairement comprendre qu’il était devenu l’homme indispensable de la petite colonie. La jolie fille l’écoutant, l’approuvait. Il sentait que les rapports journaliers allaient encore resserrer davantage le contact. De fantoche de Roi, il devenait le Maître de la situation. Il allait donner à Mitzi le confort, le nid douillet, un tas de petites douceurs d’un prix inestimable, et dont la jeune fille lui saurait gré. Quelle vie romanesque dans cette île fortunée ; au milieu de cette nature pleine de poésie et de soleil.

Le Bouif devenait lyrique. Il s’attendrissait, cherchait des rimes et des coquillages, remerciait la mer bleue, empêchant les visites étrangères et gênantes.

Grâce à l’océan, il garderait Mitzi pour lui seul. Il avait oublié la présence de Ladislas.

Il avait oublié aussi un récipient pour rapporter ses mollusques. Rapidement, il revint sur ses pas, regrimpa sur le plateau et parvint au bois des tamaris. Doucement, il s’approcha, sous les branches.