Page:La Fouchardière–Celval — Le Bouif Errant.djvu/214

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
210
Le Bouif errant

tion mythologique. C’était Aphrodite, issue de la Mer ; une Néréide, une Thétis. En réalité, c’était une jeune personne fort affairée, qui profitait de la solitude pour réparer sa garde-robe.

La garde-robe de Mitzi était l’enveloppe du ballon échoué sur le rivage. La jeune princesse, armée d’une coquille coupante, se taillait dans la soie une sorte de kimono, qui devait la rendre présentable. Elle se hâtait, très absorbée par cette confection pour dames ; sans se douter, le moins du monde, que des spectateurs indiscrets admiraient de loin les perfections de son joli corps.

Le prince Sava et Bicard s’absorbaient si bien dans leur extase qu’ils en oubliaient leur situation de naufragés.

Mais, comme Mitzi, ayant achevé de tailler sa robe, disparaissait derrière les roches, Alfred poussa un long soupir.

— Nous avons eu tort, Ladislas, nous sommes des imprudents. Une Jolie poupée de ce genre-là ne devrait jamais rester seule. Des fois qu’elle serait repérée, dans ce costume, par un singe, un Carnibale ou un Cobaye ?

— Il n’y a pas de cow-boys, de cannibales et de singes sous cette latitude, Bicard.

— Qu’est-ce que tu en sais, Ladislas ? Les îles désertes sont capables de tout. Les îles désertes sont peuplées de Pirates, de Flibustiers, de sauvages, de condamnés politiques ou de singes antropomoches.

— Anthropomorphes.

— Oui, les singes antropomoches ont l’habitude d’enlever les filles pour les soumettre à l’Union