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Le Bouif errant

Vois-tu un Serpent ou un pommier ? un ange ou le Paternel Éternel ?

— Je vois Ève, soupira le jeune Ladislas. Elle est charmante.

— Sans blague ?

— Quelle perfection !… Des lignes harmonieuses et pures. Un corps que j’avais seulement soupçonné… Une anatomie sans un défaut… Ah ! je ne regretterai pas cette expédition.

— Tu pourrais peut-être aussi ne pas profiter tout seul de la lorgnette, Ladislas ? Tu as découvert une Vision et tu te rends compte en peinard. Laisse-moi regarder le Paradis ?

— Y songes-tu ? C’est ma cousine.

— Mitzi ?

Ladislas ne répondit pas, mais il conserva la lorgnette. Alfred, que le soleil éblouissait, se couvrit les yeux d’une main et regarda dans la même direction.

Sans doute ses yeux n’avaient pas besoin de verres grossissants pour distinguer la Princesse, car il poussa une exclamation :

— Quel cinéma ! Une Sirène ! Une noiade ! Une estatue !

La Sirène, la naïade, la statue étaient la Princesse de Kummelsdorf.

Tout en bas de la falaise, au milieu des roches, Mitzi, se croyant à l’abri des regards indiscrets, s’était dépouillée des débris de ses vêtements pour les faire sécher au vent du large.

La distance la faisait ressembler à une mignonne ivoirine galante debout sur un piédestal de rochers. Cette princesse, toute nue, avait l’air d’une évoca-