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Le Bouif errant

je vais avoir l’honneur de compléter cette petite soirée musicale en vous montrant de quelle façon j’en joue un air, sur les motifs « Débine-toi », « Phoque-trotte » et « Manque pas l’Taxi » !

Alors, avec des gestes et des contorsions impayables, il commença à chanter une série de chansons à succès, depuis « la Madelon de la Victoire », jusqu’à « Valentine » et « la Java ». Il cabriolait, tapant des mains sur l’instrument sonore et faisant sauter en l’air son bonnet.

Puis il se mit à imiter les danseurs russes. Il lançait les jambes, par saccades, bondissait en avant, par des détentes imprévues et jetait à terre les bancs et les chaises, au milieu des rires énormes des soldats, qui frappaient dans leurs mains en hurlant.

À la fenêtre, la figure hilare de la sentinelle, préposée à la garde des chevaux, s’écrasait sur les vitres du dehors.

Sava avait disparu. Il s’était glissé dans le pré et, rapidement, il nouait ensemble les rênes des montures ; les embrouillait en écheveau inextricable.

Le jour baissait. L’orage s’avançait de plus en plus. Tout à coup, un roulement de tonnerre ébranla les couches atmosphériques.

— Hep !… fit Sava, au dehors.

— Barrons ! clama Bicard. À la revoyure, messieurs les cognes !

D’un coup de pied il jeta la table par terre et se précipita vers la porte.

Mitzi était loin depuis longtemps.