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Le Bouif errant

Ce fut une fort mauvaise Idée. Les Skipetars étaient dressés à arrêter tous les citoyens qui portaient cet emblème séditieux. Le Bouif fut donc extrait, sans ménagements, de sa cachette et amené devant Mitzi et Sava.

— C’est un conspirateur dangereux, déclara le brigadier à la Princesse.

Sava essaya de détromper le soldat ; Mitzi joignit ses instances aux siennes, Le brigadier s’entêta.

— C’est une gourde ! conclut Bicard. Chaque fois qu’un militaire veut faire du zèle, c’est rare s’il ne commet pas une gaffe. Tout de même, il faudrait sortir d’ici.

— Comment faire ? dit Mitzi, un peu découragée. Toute cette soldatesque nous surveille.

Les Skipetars avaient attaché leurs chevaux au dehors. Tous les cavaliers étaient installés sur un banc. Ils avaient bourré leurs longues pipes et écoutaient un de leurs camarades qui chantait en s’accompagnant sur la balaïka.

— Un concert, ricana le Bouif. C’est l’harmonie des sergots ou la musique de la garde.

Sava le fit taire d’un geste. Il examinait les alentours. La ferme était isolée au milieu de la forêt. Une porte donnait sur un champ. C’était dans ce champ que les cavaliers avaient laissé les chevaux, attachés à une clôture, sous la surveillance d’un soldat.

L’homme, qui s’ennuyait visiblement, se rapprochait peu à peu de la ferme pour écouter le chanteur.