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Le Bouif errant

billets. Je suis sûr de ton honnêteté, camarade.

— En ce cas, signe le reçu, et que la Révolution t’accompagne.

— Merci… et que le diable t’emporte, idiot ! pensa Bicard. Voilà un fier filon qui m’arrive.

Brusquement, il serra sa sacoche sous son bras et courut sans reprendre haleine pendant deux ou trois kilomètres.

Essouflé il s’arrêta enfin sous un arbre et regarda dans la sacoche.

Les millions lui semblèrent un trésor inépuisable.

Il ne s’étonna point de voir autant de billets de banque français dans un pays moldo-valaque. Il ne s’étonnait plus de rien.

— Kiki, murmurait-il… Kiki ! Tu ne diras plus que je suis fauché à présent.

Puis il pensa à Mitzi et à Sava.

— Diable, mes amis doivent me chercher ? Remettons ça, fit-il en bouclant sa sacoche.

Alors il s’aperçut qu’un énorme chien policier, assis devant lui sur son derrière, le contemplait avec insistance.

Le chien inquiéta Bicard. Il fit quelques pas en arrière. Le chien fit quelques pas en avant. Il était dressé sur ses pattes et suivait tous les mouvements du fugitif. La langue pendante, hors de sa gueule formidable, il haletait sans perdre de vue un seul des gestes du Bouif.

— Bon Dieu, maugréa ce dernier, on dirait que ce cabot sait qui je suis… Allez-vous-en !… Allez, sale bête !

La sale bête ne bougea point. Elle flairait Bicard avec des coups de nez saccadés, et paraissait