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Le Bouif errant

Cela rendit au Bouif une énorme confiance en lui-même. Une telle confiance qu’il en profita pour vider un fiasco de vin d’Illyrie, ce qui le réconforta beaucoup.

Muni de ce viatique, il s’engagea dans le couloir d’enceinte, trouva l’égout et sortit.

La campagne lui parut merveilleusement belle.

— Ouf ! fit-il. Ils ne m’ont pas eu. Barrons-nous.

À ce moment un gaillard solide déboucha brusquement d’un sentier.

— Est-ce toi ? camarade, fit-il à Bicard.

— On le dit, répondit le Bouif évasivement.

— Tu es le camarade chargé de la propagande de la Main-noire ?

— Oui, certifia l’ancien bistro.

— Le signe, camarade, fit l’homme en dévoilant une main noire cachée sous le revers de son veston.

À tout hasard le Bouif imita le geste.

Le manteau du geôlier portait également la Main-noire de Carinthie.

— Tu es un frère, fit le compagnon.

— Parbleu, assura le Bouif médusé par ces événements successifs.

— En ce cas, voici les cinq millions de francs en billets français que le comité m’a chargé de te remettre.

— Cinq millions, murmura Bicard, étourdi par cette tuile imprévue.

— Veux-tu compter, camarade, fit l’homme en ouvrant une sacoche.

— Du tout, fit le Bouif qui avait aperçu des