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Le Bouif errant

— Impossible. J’ai engraissé… En travaillant à mon évasion j’ai acquis une telle corpulence, qu’une fois mon corridor achevé j’ai eu toutes les peines du monde à revenir sur mes pas pour réintégrer mon chez moi. Je ne me risquerai donc plus à une pareille mésaventure. À mon âge, les petites habitudes deviennent trop impératives. Ma prison m’est indispensable. Mais partez, j’entends des pas.

Cette fois Bicard n’hésita plus.

— Merci, dit-il au vieux détenu. Je me débine. Je ne vous dis pas « Adieu », mais « Au revoir ». Car si jamais je parviens à rattraper ma couronne…

— Ça m’étonnera, ricana l’abbé Farina.

À ce moment la porte du cachot s’ouvrit avec fracas. Kolofaneski entra.

— Eh bien ?

— Le tour est joué, Seigneur, regardez.

— L’imbécile a marché. All right ? fit le chef en allant replacer la dalle. Voici une opération bien conçue. Ce mystificateur avait besoin d’une mystification. Désormais cet homme ne s’avisera plus de jouer au roi. Après de telles émotions il aura hâte de s’enfuir.

— Mais le vrai roi Ladislas ?

— Le vrai roi Ladislas sera trop occupé aujourd’hui à chercher ce fantoche, pour nous créer des difficultés. Ce soir, la princesse Mitzi de Kummelsdorf sera en notre pouvoir, à son tour. Tout est prêt.

— C’est la lutte finale ! chanta le vieux prison-