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Le Bouif errant

construction massive semblaient être à double fond. Le prisonnier chercha un instant dans la muraille, comme on cherche dans une bibliothèque, puis il revint à sa lucarne, tenant un parchemin et une pelle.

— Plan d’évasion… Troisième dalle à gauche… Sixième clou. Dix-huitième porte. Corridor 138, etc. Tout est indiqué là-dessus en deux ou trois langues. J’ai passé quarante ans de ma vie à composer ce chef-d’œuvre. Voici une pelle à charbon, pour creuser la terre. Vous me la renverrez quand vous le pourrez, car j’y tiens. Je serai également enchanté de recevoir de vos nouvelles.

Abasourdi, Bicard prit le plan et regarda par terre.

— Trois pas à droite du lit et deux à gauche. Ne vous trompez pas. Creusez.

Le Bouif obéit passivement. Le sol du cachot était très facile à remuer. Au sixième coup de pelle, une dalle, munie de son anneau, apparut.

— Voici le chemin de la liberté, Sire. Je souhaite un heureux voyage à Votre Majesté. Tirez l’anneau. Le couloir est de l’autre côté de la dalle. Il mène à un corps de garde. Le corps de garde donne sur un corridor d’enceinte qui aboutit à un égout. L’égout a une ouverture sur la campagne. La campagne mène à la frontière et la frontière mène à Paris. Adieu, Sire. Partez vite !

Le roi de Carinthie réfléchissait. Tous les incidents de la nuit avaient rendu Bicard fort méfiant.

— Pourquoi ne profitez-vous pas vous-même de votre moyen d’évasion.

Le vieux prisonnier leva les bras.