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Le Bouif errant

Une sorte de joie méchante animait le masque de la sorcière. Son rire aigre comme le bruit d’une scie qui grince sur une pierre dure horripila les nerfs du prisonnier.

La vieille guenon s s’approchait de lui. Il ramassa son sabot.

— Arrière ! gronda-t-il, débinez-vous, rombière ! Ouste !

— Vous n’êtes pas aimable, beau prince. Hi ! hi ! hi ! Plus tard, quand vous aurez passé quelques jours dans le cachot de la Mort lente, vous me supplierez peut-être ; vous m’implorerez, et vous me donnerez un baiser. Ah ! ah ! Un baiser pour un morceau de pain !

Cette fois le sabot de Bicard partit comme un boulet et frôla le visage de la vieille. En même temps, Bicard avait bondi.

Mais plus rapide encore que lui, la geôlière s’était jetée hors de la prison. La porte massive fut poussée ; la clef tourna ; le Roi se retrouva prisonnier.

Et par le guichet, dans l’épaisseur du bois, il aperçut encore la sorcière, qui lui cria :

— Au revoir, Majesté. En ce moment, au château, on s’étonne, on s’agite, on commente votre disparition. Ah ! ah ! ah ! ah ! Quelle ironie ! mon cher Seigneur… Ne vous agitez pas trop. Bonsoir…

— Chameau ! hurla Bicard, furieux.

Il sentait tout espoir perdu. La vieille fée serait une surveillante implacable. Elle se vengeait. Son sort lui apparut affreux.

— La Mort lente ! La Mort lente ! Ce vieux