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Le Bouif errant

la mort de Louis XVI. Que se passait-il, Là-haut ? On avait oublié de le fouiller. Il retrouva dans ses poches sa pipe et le portrait de la petite Princesse Mitzi. Cette trouvaille le réconforta un peu. Il se sentit moins abandonné. Il plaça le portrait dans un trou de la muraille et posa sa pipe sur la table.

Une nappe grossière attira son attention. Machinalement Bicard tira dessus. C’était plus fort que lui. L’obsession du truc de Bussolini dominait son inquiétude.

Malheureusement, la nappe était clouée. Le roi ne fit tomber que la botte de foin, qui semblait être le seul objet comestible de cet in-pace politique. Ce régime végétarien exaspéra le condamné.

Furieux, il se mit à hurler, appelant le geôlier par tous les noms de son répertoire. Le Bouif, sous ce rapport, était prodigieusement documenté. Mais personne ne fit attention à ses cris. Découragé, il bourra sa pipe avec le foin et examina la situation.

— Ces gens-là ne m’ont pas assassiné, ça prouve qu’ils tiennent à me garder vivant. C’est un filon.

Puis il se rappela tout à coup sa conversation avec Sava, la veille au soir. Peut-être la Main Noire avait-elle surpris le secret de sa substitution au prince légitime Ladislas. Kolofaneski devait tout savoir.

— Bandit, grogna Bicard entre ses dents, s’il espère me faire parler…

Il comprenait tout, à présent. L’interrogatoire du chef de la Main Noire était une façon de le mettre en défaut. Comme il n’avait rien dit, on espérait l’intimider par cette mise en scène lugubre.