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Le Bouif errant

Il y eut un petit choc brusque, puis le lit s’arrêta net.

— Auteuil ! tout le monde descend, gouailla Bicard. Pas la peine de vous cacher. Je comprends, C’est une blague qu’on fait aux nouveaux rois. On me traite comme un bleu à la chambrée. Ça suffit, j’ai assez rigolé tout seul. Où êtes-vous, Messieurs et dames ?

— Ici, reprit la voix dans l’ombre.

Bicard sauta à bas du lit et essaya de s’orienter. Il avait conservé son sceptre. Il pointa la Main de justice dans l’obscurité. Une main invisible la saisit.

— Qui est là ? cria Bicard.

— Regarde.

À ce moment le lit remonta brusquement. Bicard vit la trappe, qui l’avait amené, traverser la voûte du plafond, et disparaître ; puis une lampe s’alluma, dans l’ombre ; et il vit alors, immobiles contre la muraille, trois fantômes noirs, en cagoules, qui le regardaient par les trous de leurs capuchons rabattus sur leurs visages. Malgré son saisissement, le Bouif affecta de plaisanter.

— Des masques ?

— Des juges.

— Roi Ladislas, fit un des trois fantômes, vous souvenez-vous du pacte que vous aviez accepté ?

Cette fois Bicard perdit toute son assurance. Les Trois Inquisiteurs lui rappelaient Cagliari, Moloch et Baal. Il se crut retombé au pouvoir du sinistre docteur.

— Je sus bon ! murmura-t-il. Ils m’ont eu.

— Personne n’échappe à la vengeance de la