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Le Bouif errant

— Elle sait ton petit nom ? demanda Bicard, quand ils furent seuls… Tu as de la chance.

— De la jalousie, Majesté ?

— Appelle-moi Alfred, comme à Paname, grogna le Bouif. Comment trouves-tu que je me suis comporté ?

— Comme un as. Tous mes compliments, mon vieux.

— Je les accepte. Mais je n’aurais jamais supposé que ce soit si fatigant de faire l’idiot. Je suis éreinté. Bonsoir.

— Je souhaite à Votre Majesté un repos salutaire…

— La barbe. Pas tant de chichis. Mais demain tâche moillien de ne pas me laisser tout le temps en carafe pour te livrer à des détournements de mineure…

— Adieu, Alfred ! fit Sava.

— Adieu, Ladislas !… Au revoir, murmura le Bouif, en bâillant.

Demeuré seul, et comme le service de garde n’était plus là pour remarquer ses faits et gestes, Bicard tira de sa poche le portrait de la Princesse de Kummelsdorf.

— Comme elle lui ressemble, murmurait-il. Ah ! Kiki, Kiki, si tu me voyais dans ce pyjama monarchique. Avec des pélicans érotiques sur le plastron et sur les manches.

Il voulait dire héraldiques. Picard n’était pas fixé sur le sens de bien des mots.

Tout en causant au portrait, il s’était mis en toilette de nuit, il avait escaladé les degrés du lit royal et s’était assis sur la couverture armoriée.