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Le Bouif errant

Les traités de commerce, les rapports financiers, les secrets de la défense nationale s’étalaient sur le plancher, foulés aux pieds par les joueurs.

L’aspect de cette partie de belotte était assez symbolique.

Ce fut la Princesse Mitzi qui gagna.

— J’en étais sûr, fit Bicard. Une jolie femme ne perd jamais. Quand on est balancée comme vous…

— Sire, interrompit Sava, l’heure s’avance. Les rues de Sélakzastyr ne sont pas sûres. Je me permettrai d’accompagner la Princesse.

— Je te vois venir. Encore un filon pour te débiner avec elle. La sécurité de la Princesse sera très bien assurée par l’escorte… Au besoin, en se tassant un peu, la Princesse pourrait coucher ici.

— Sire, fit Mitzi, les lois de l’Étiquette ne le permettent pas. La Reine, seule, peut demeurer dans les appartements royaux. Souffrez donc que je me retire, sans autre escorte que mon chien, mon chauffeur et ma femme de chambre.

Elle tendit sa main droite à Bicard, qui s’efforça d’imiter son secrétaire particulier, en baisant les doigts de la jeune fille.

Le mouvement l’empêcha de remarquer que Sava embrassait, de son côté, la main gauche de Mitzi.

Celle-ci comparait, mentalement, l’aisance du Secrétaire et la gaucherie du Souverain. Un singulier petit sourire passa sur la bouche malicieuse.

— Au revoir, fit-elle, gentiment. À demain, Sire. À demain, monsieur Sava.