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Le Bouif errant

Mais il est toujours impossible d’empêcher un Roi de faire une sottise.

En une seconde, au milieu d’un fracas de vaisselle brisée, tous les couverts, les plats, les bouteilles et les verres éclaboussèrent la muraille et y laissèrent les traces indélébiles de la maladresse de Bicard.

— C’est raté, conclut le Roi, après quelques secondes de réflexion.

Personne ne songea à le démentir.

Le Grand Chambellan avait été entièrement submergé par le contenu d’un énorme compotier de crème. Il avait perdu toute sa dignité.

Mitzi riait aux éclats. Les excentricités de son royal cousin allaient rendre la vie de château moins banale.

Bossouzof seul ne partageait point la gaîté générale.

Le Diplomate venait de recevoir des rapports de police qui l’inquiétaient.

Il avait fait doubler tous les postes de la garde. Il alla en personne passer en revue les sentinelles sur les remparts du château. Il fit organiser des patrouilles dans le parc. Il prit enfin toutes les mesures de sécurité nécessaires prévues par le Manuel de la Sûreté générale autour des personnalités régnantes.

Pendant ce temps, le Roi Bicard, le Prince Sava et la Princesse de Kummelsdorf jouaient aux cartes, dans le cabinet de travail de Sa Majesté.

Pour enseigner la belotte à Mitzi, le Roi de Carinthie avait balayé d’un geste large tous les dossiers politiques qui encombraient son bureau.