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Le Bouif errant

Moi, nous voulons croûter en peinards, sans personne sur le dos pour nous passer les cure-dents.

Néanmoins, le Roi fut forcé de tolérer auprès de lui le personnel officiel.

— À quoi ça sert d’être Chef d’État, si c’est les larbins qui gouvernent ?

Sava ne put le calmer qu’en lui versant du champagne.

À la fin, la bonne humeur de Bicard finit cependant par reprendre le dessus. Il devint même expansif. Il expliqua à Mitzi les réformes qu’il se proposait de faire, dans le royaume. Il avait conçu un vaste projet de réorganisation financière, en supprimant les intermédiaires, et en taxant les Commerçants. Il payait les fonctionnaires aux pièces, et obligeait ainsi tous les Budgétivores à faire un travail utile.

Quant aux Ministres, il les remplacerait, au fur et à mesure des vacances, par des garçons de bureau, chargés de répondre au public.

Un garçon de bureau, assurait-il, est moins cher qu’un Ministre et beaucoup plus documenté sur les questions… Oui, j’accomplirai de grandes choses.

— Imprudent ! murmura Mitzi.

— Pourquoi ?

— Les projets des Rois doivent demeurer dans leur tête, dit Sava.

— Sans blague ! dit Bicard, impressionné. Qu’est-ce que je risque ? Ne suis-je pas le Chef de l’État ?

— Les chefs d’État qui ont trop d’idées finissent mal, affirma Mitzi tout bas.