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Le Bouif errant

Ce Bon Garçonisme était capable de le rendre très vite populaire. Il était temps de se débarrasser d’un rival capable de révolutionner la Carinthie, au lieu et place des Révolutionnaires de métier.

Le chef suprême de la Main Noire résolut donc de presser les événements, sans même attendre les renseignements qu’il avait demandé sur le Roi à ses correspondants politiques.

Sava et Mitzi durent aussi interrompre leur entretien, pour aller au-devant de Bicard.

Malgré les efforts du Maréchal du Palais, le Roi était parvenu à retirer ses bottes. Il avait failli casser son sceptre sur le dos du Grand Chambellan, et il clamait son dégoût du métier de souverain avec une grande énergie.

— Je demande à permuter avec mon Secrétaire… Si l’Étiquette me contrarie encore, j’ôterai mon uniforme, et le grand cordon du Pélican, pour me balader en bras de chemise dans les rues de la capitale. Et, dorénavant, monsieur Bossouzof, je vous prierai de recevoir les clients à ma place, pendant que je causerai avec ma cousine limitrophe, sans être dérangé par les raseurs du Palace.

Il ne cessa d’exhaler son dégoût et son mépris du Protocole que lorsque Mitzi lui prit le bras pour le conduire dans la salle à manger.

Mais à la vue du service de la Garde, des douze Valets en livrée, de l’Écuyer tranchant, et du Grand Chambellan, exécutant un retour offensif, la colère du Bouif redoubla.

— Caletez, je vous ai assez vus ! Est-ce que j’ai besoin d’un Escadron de larbins pour me regarder manger la soupe ? Monsieur, Mademoiselle et