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Le Bouif errant

Le Roi, seul, était demeuré impassible.

Grâce à son ignorance de la langue du pays, la menace de l’écriteau le laissait froid. De plus, son ancien métier de Bistro du Palais-Bourbon l’avait entraîné depuis longtemps à demeurer indifférent devant le spectacle des bousculades scandaleuses. Il confia simplement cette impression à Sava :

— Je désirerais savoir quand finira la Cavalcade ? Mes bottes me gênent !

— Sire, une interruption dans la Cérémonie de l’Hommage porterait une grave atteinte au prestige de la Couronne. Il est nécessaire de demeurer jusqu’au bout sur la brèche. Faites comme moi, Sire…

Il s’interrompit brusquement. La Princesse Mitzi de Kummelsdorf venait de se montrer sur le seuil de la porte des appartements privés.

La jeune fille tenait sa promesse. Elle venait retrouver le Roi pour dîner en tête-à-tête.

Mitzi portait la grande toilette de Cour avec un charme particulier.

Elle ne suivait point les instructions du Protocole, qui exige la traîne. Sa robe blanche, fort écourtée, offrait, sans façon, à l’admiration des Courtisans de fort jolies jambes. Elle portait, simplement, dans les cheveux, le diadème national, un Croissant, orné de brillants qui scintillaient sous l’éclat des lustres.

Le premier coup d’œil de la jeune fille fut pour Sava. Le second fut pour Bicard.

L’aspect photogénique du Roi, dans l’exercice de ses fonctions, sembla la divertir beaucoup. Ma-