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Le Bouif errant

À la grande surprise des agents, aucune contre-attaque ne se produisit.

La Main noire laissait tomber l’Action carinthienne.

Ce dédain de l’Adversaire fut plus efficace qu’une douche froide.

Déconcertée, la Jeunesse Royaliste demeurait le bras levé, dans une attitude théâtrale bien ridicule.

— Messieurs, prononça distinctement Sava, le Roi vous sait énormément de gré d’être plus royaliste que lui. Mais soyez persuadés que Sa Majesté saura reconnaître, le cas échéant, toutes les vicissitudes que vous lui causez constamment, dans les moments difficiles.

— Vive le Roi ! hurla le Président des Jeunes Barbes.

— Et à bas la Révolution !… reprirent en chœur ses turbulents compagnons.

Tous avaient fait un geste si résolu que leurs capes de cérémonie tombèrent à terre.

Alors un éclat de rire homérique convulsa toutes les faces des assistants.

Dans le dos de tous les membres militants de la Jeunesse royaliste, un petit écriteau ironique se balançait et laissait lire cette inscription séditieuse :

— Mort au Tyran !

C’était la réponse de la Main Noire.

Outré de cette plaisanterie pitoyable, Bossouzof fit fouiller tout le Palais. Il y eut des bousculades, des protestations, des brutalités policières ; tout le scandale habituel, qui sert à dissimuler, généralement, les gaffes d’une Police incapable de prévoir.