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Le Bouif errant

La troupe de valets galonnés s’empressa de nouveau, entourant et submergeant Bicard, qui disparut quelques minutes.

Puis Sa Majesté reparut, congestionnée, essoufflée et roulant des yeux furieux vers son Conseiller intime.

— C’est pas une blague à faire à un copain ?… Qu’est-ce que tu leur as raconté pour me faire déguiser en dompteur de ménagerie ? On m’a collé sur le thorasque un dolman rayé en travers, avec des pendeloques et des médailles de sauvetage, comme celles de la Goulue de Montmartre quand elle entrait dans la cage aux ours blancs… Et puis ces godasses, en cuir de Russie m’azphixient et m’empêchent de plier les genoux. Je suis raide comme si j’étais saoul, et je dois ressembler à un pensionnaire du Musée Grévin… Ah, Mince !… Vous parlez d’un Outil ?…

Le Maréchal du Palais l’empêcha de choir, tout de son long, en s’embarrassant dans son sabre et dans ses éperons. Bicard se mit à hurler.

— Qu’est-ce que j’ai besoin d’un sabre de cavalerie pour me donner l’air d’un idiot ?… Est-ce que je vais être forcé de monter à cheval ?… Je vous préviens que j’ignore l’Équitation et que ces talons à roulettes seront cause d’un incident diplomatique si Ma Majesté prend la bûche.

Sans répondre, le Grand Chambellan venait de tendre au Monarque le sceptre Royal, qui était fort long et orné d’une Main de justice en Or à l’extrémité supérieure.

— Qu’est-ce que c’est que cet instrument ? de-