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Le Bouif errant

— Bon Dieu ! murmura-t-il, en se frottant les yeux, voilà la Guerre qui recommence, à présent. C’est la Bertha ?…

— Sélakçastyr ! Majesté !… fit respectueusement Bossouzof.

— Tout le monde descend ! gouailla le jeune Sava. Sire ? entendez-vous ces clameurs ?

Massée derrière les barrières de la gare, la population de la capitale hurlait, en effet, des phrases courtes, dont Bicard voulut connaître le sens.

— Ils crient : « Bienvenue à Sa Majesté ! » et « Conspuez le Roi des Idiots ! », fit Sava.

— Sire ! tenta d’expliquer Bossouzof.

— Ne vous en faites pas, j’ai compris, dit Bicard. La Bienvenue s’adresse à moi, car il est évident que je débarque ; mais comme mes sujets ne me connaissent pas encore, le titre de Roi des Idiots doit concerner Bossouzof.

Les cuivres d’une fanfare de cavalerie ne permirent pas d’entendre la réponse du Maréchal du Palais. Un bataillon de Skipetars, à cheval, faisait brutalement ranger la foule pour escorter le nouveau monarque.

Celui-ci n’eut même pas le temps d’embrasser une Jeune fille, ornée de roses, qui venait, au nom de la Carinthie, offrir le bouquet traditionnel.

Mais Sava l’embrassa pour le Roi, avec un à propos plein de tact, qui fit rougir de plaisir la Jolie déléguée carinthienne.

— C’est tout de même vexant, dit Bicard. Si l’on commence à me remplacer déjà, avant que j’aie commencé mon service, de quoi aurai-je l’air, dans l’Usine ?