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Le Bouif errant

des kilomètres que le train avait parcourus. Plus la distance augmentait, entre Cagliari et lui, et plus Bicard se sentait réconforté.

Il avait retrouvé, peu à peu, sa verve de Mastroquet politique et pérorait, sur toutes les Questions sociales, avec le Maréchal du Palais. Sava, qu’il prenait toujours à témoin, s’amusait fort en écoutant les projets de réformes, que Bicard se proposait de soumettre au Conseil de la Couronne.

Bossouzof devenait inquiet. Le nouveau Roi semblait animé d’un grand esprit d’initiative. Le Diplomate craignait les Rois qui avaient la prétention de régner. Un instant, il se reprocha d’avoir trop bien réussi dans sa mission diplomatique.

Heureusement, la traversée du Tyrol fit oublier à Bicard ses projets d’Économie Politique. La vue des Tyroliens l’intriguait.

Bicard s’imaginait que tous les Tyroliens et les Tyroliennes étaient des chanteurs, à la glotte extensible, qui ne prononçaient pas deux paroles sans demander « leur Boîte à Outils ».

Or tous les Tyroliens qu’il interrogeait ignoraient cette tradition. Bicard en conclut que le Tyrol n’existait pas, et que c’était une contrée fantaisiste, comme le pays de Cocagne, ou l’Eldorado d’Amérique.

Puis la pensée de l’Amérique lui fit évoquer le souvenir de Kiki. Alors il sortit de la poche de son veston la photographie de la princesse Mitzy et s’absorba dans une rêverie, qui ne tarda point à se transformer en assoupissement réel.

Il dormait encore lorsque le bruit du canon l’arracha à sa somnolence.