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Le Bouif errant

bien que les personnages officiels, rois, présidents ou dictateurs, qui s’offraient à l’admiration publique, défilaient au milieu d’une haie de citoyens qui témoignaient leur vénération en se grattant avec frénésie les hanches, les bras, les épaules, le fond de la culotte et le dessous des aisselles.

En plus de ces manifestations extérieures, tous les Carinthiens, ce jour-là, avaient jugé utile de revêtir le grand costume national.

Or, comme toutes les nationalités balkaniques étaient représentées à Sélakçastyr, tous les citoyens de la ville portaient un costume national différent ; ce qui rendait le coup d’œil fort pittoresque.

Il n’y avait, parmi la foule, que deux classes sociales qui portaient un uniforme. C’étaient les Agents de la police et les Conspirateurs officiels.

La police était composée, comme toutes les polices du monde, d’indifférents fonctionnaires, qui vaquaient à leurs occupations, avec le moins de zèle possible, quand le Devoir le commandait, et avec toute la maladresse désirable, quand personne ne les priait d’intervenir. Ces agents regardaient la foule, avec l’horreur d’ouvriers conscients devant un travail obligatoire. Ils circulaient mélancoliquement, évitant les rassemblements et toutes les occasions de conflits. Ils cherchaient le Calme, le Silence, et maudissaient, in petto, le Monarque qui leur occasionnait ce surcroît de surveillance.

En revanche, si les agents se dissimulaient, les conspirateurs officiels remuaient beaucoup.

Presque tous étaient revêtus du costume original et fastueux des musiciens Tziganes, démobilisés par suite de la vulgarisation de la T. S. F. et de l’en-