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Le Bouif errant

— Sire ! cria Sava, inquiet. Qu’allez-vous faire ? Oh !

— Maladroit ! hurla le valet de chambre. Il a cassé tout le service de monsieur. Ah ! Quel idiot !

Bicard venait, une seconde fois, de rater le tour de Bussolini. Il avait projeté dans le salon le porto, les soucoupes, les verres et, du même coup, la serviette diplomatique armoriée, qui avait semé sur le tapis tous les secrets d’État de Bossouzof.

À quatre pattes, le ministre plénipotentiaire, congestionné par l’effort, s’efforçait de réparer la maladresse de son roy. Le tableau eût semblé symbolique à un observateur philosophe. Mais le jeune prince Sava était simplement positif.

Aidé de son valet de chambre il parvint à donner à Bicard une apparence respectable et même à le rendre imposant, comme il convenait à une altesse.

— Plus de plaisanteries de ce genre-là, ballot ! lui glissa-t-il dans l’oreille. Attends d’être installé roi, pour faire des dégâts à ton aise. Le taxi nous attend en bas. Sire, le moment du départ est arrivé. Partons. Pour Dieu ! Pour la Carinthie ! Pour la couronne !

— Vive le roy ! compléta Bossouzof avec éclat. Vive le…

— Fermez ! ordonna vivement Sa Majesté. Empêchez c’t’idiot de diplomate de pousser des cris séditieux. Songez que le roi de Carinthie a été Bistro de la République française. Et puis, il y a des agents en bourgeois qui écoutent sur le trottoir en face.

En réalité, Bicard avait cru remarquer, parmi les