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Le Bouif errant

— Votre Majesté daignerait-elle jeter les yeux sur le manifeste des plus fidèles soutiens du trône ?

— Avec plaisir ! fit le roi. Lisez, ou remettez cela à mon secrétaire, c’est un garçon qui a l’habitude.

Par malheur pour la dignité de la diplomatie balkanique, le comte Michaël Bossouzof n’avait pas eu le temps nécessaire pour trier les dossiers de son portefeuille.

Les documents diplomatiques étaient donc un peu en désordre. Tellement qu’au lieu de la proclamation légitimiste, Michaël remit à Sava une pièce de chancellerie ainsi conçue :

Dîner : 630  fr.
Champagne : 1.800  fr.
Frais accessoires : 3.500  fr.
Renseignements confidentiels : 10.000  fr.

C’était l’emploi des fonds secrets du Comité royaliste au Bahr-el-Gazal.

— À merveille, fit Sava en riant.

— Sire, balbutia Bossouzof, confondu et suant d’angoisse, la Propagande de la Cause a des nécessités impérieuses et exige des sacrifices qui… C’est une confusion, une substitution… Au lieu de la proclamation, j’ai sorti une… interpolation qui…

— Dites une soustraction simplement, résuma le roy, avec bonté, et ne parlons plus de cela, cher ami.

Le diplomate respira : le nouveau monarque serait clément.

— Sire, mon dévouement me justifie. Pendant