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Le Bouif errant

ne suis plus que « Ça-Va », ou plutôt, le petit Sava, en un seul mot, ton secrétaire. Ne gaffe point et prends l’air digne, on va te distribuer tes insignes.

Le Maréchal du Palais n’avait point remarqué le dialogue du secrétaire et du roi. Il fouillait dans ses dossiers d’une main impatiente et venait d’extraire de sa serviette armoriée un grand cordon de moire bleue pâle, ornée d’un oiseau symbolique en diamant.

— Sire ! Le grand cordon du Pélican de Carinthie, fit-il en s’agenouillant respectueusement devant Bicard.

Le Bouif avait retrouvé son aplomb. La présence de son conseiller intime le rassurait.

Ce fut donc avec une grande dignité qu’il reçut le Pélican, dont Sava lui passa le cordon bleu en sautoir.

— Je suis charmé. L’oiseau est très bien imité et le harnachement n’est pas mal. Je regrette simplement que le cordon bleu ne soit pas rouge, parce qu’avec ce baudrier j’aurais l’air du père à Doumergue.

— Oh ! Sire ! protesta doucement le colonel plénipotentiaire.

Mais quand le Bouif commençait à exprimer son opinion, il allait toujours jusqu’au bout.

— Je regrette aussi qu’Ugénie ne voit pas cela. Elle n’a jamais eu entre les mains que le cordon de porte de son immeuble ; elle ferait une véritable maladie en voyant celui que j’ai au cou.

Heureusement Bossouzof cherchait dans sa serviette diplomatique la proclamation du Conseil de la Couronne.