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Le Bouif errant

ce qu’il y a de meilleur comme antiseptique et reconstituant hygiénique, à preuve que les médecins prétendaient que j’étais un cas supérieurement curieux d’alcoolique invertébré…

— Invétéré, rectifia doucement le garçon de sa voix anémique.

— Parfaitement, invertébré et récidiviste, destiné à mourir subitement de concussion lente ou de consomption spontanée. On m’avait même entreposé pour cela dans une clinique espécialement consacrée à cet usage destructif. Je pourrai vous donner l’adresse, si vous avez dans votre famille un parent disposé à décéder sous les prescriptions morticoles et à faire son testament en votre faveur. Et vous-même…

— Je ne suis pas alcoolique, fit le garçon.

— Je le regrette, affirma le client. Moi, l’alcool qui devait causer ma mort, m’a tout simplement sauvé la vie[1]. Depuis ce moment, j’en consomme par propension naturelle et par reconnaissance hygiénique…

Il s’interrompit brusquement afin de sucer, sur sa moustache courte, quelques gouttes de liquide échappées au vaporisateur.

— En tous cas, ce n’est jamais celui que vous me versez sur le blair qui pourra servir de carburant national. C’est de la flotte garantie pur jus, que vous employez dans vos bouteilles ?…

— Il y a une lotion supérieure pour les clients qui en désirent, protesta le garçon, un peu vexé. Mais c’est un peu cher et j’ai cru…

  1. Voir : La Résurrection du Bouif (Ferenczi, éditeurs).