Page:La Fouchardière–Celval — Le Bouif Errant.djvu/107

Cette page a été validée par deux contributeurs.
103
Le Bouif errant

tu n’as rien à risquer en jouant ce rôle à ma place.

— Tu vas fort ! Tu me vois sur le trône de ta famille ?

— Pourquoi pas ?

— C’est épatant ! fit le Bouif. L’autre nuit, on voulait me transformer en un souverain sarcophage qu’avait régné sur les momies comme empereur du Sahara… Ce matin, je deviens un prince russe et on m’offre la Monarchie avec les attributs de son sesque. Y a de quoi devenir dingo.

— Mais, imbécile ; fit sérieusement Ladislas, ne vois-tu pas que c’est la meilleure façon d’échapper aux poursuites du sinistre charlatan dont tu m’as raconté l’histoire ?

Le souvenir de la clinique du docteur fit passer un frisson dans le dos de Bicard.

— Sans blague, fit-il lentement. Pas de boniment, Ladislas ! Le titre de roi ne suffit pas. Il faut aussi les aptitudes.

— À quoi bon ? Est-ce qu’un roi gouverne ses sujets parce qu’il connaît son métier ? Il règne, parce qu’il a la couronne.

— Hum ! pensa tout haut le Bouif. Avec une couronne sur le crâne il me semble que j’aurai l’air d’une andouille.

— Qu’importe ? Si tu es le seul à le trouver ?

— Ça finira par se remarquer. On verra que je suis incapable. Ça causera une révolution et je serais guillotiné comme Louis XV.

— Pas d’histoire. Les gens heureux n’en ont pas.

— Heureux ! soupira Bicard, en songeant à Kiki l’infidèle.