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ses yeux :
Qui du camp s’en est plaint ? On s’est tu ; ce silence,
Si Briséis est crue, aura sa récompense.

LYDIE.

Achille le jura dès votre enlèvement.

BRISEIS.

C’est à moi d’avoir soin qu’il tienne son serment.
Le sort ne m’aura point contre lui pour complice
Contentons-nous qu’Ajax, Phoenix, avec Ulysse,
Députés par les Grecs, implorent son secours ;
Nous-mêmes n’allons pas précipiter ses jours.
Vous savez quel destin l’attend sur ces rivages.

LYDIE.

Je ne m’arrête point à tous ces vains présages ;
On les rendra menteurs par quelque prompt départ.
Les Grecs sont-ils point las d’assiéger ce rempart ?
Quand se proposent-ils de revoir leur patrie ?

BRISEIS.

Je ne sais ; et ces soins n’ont occupé ma vie
Que pour le prince seul qui fait mon souvenir.
Des soucis de l’État c’est trop s’entretenir ;
Ne songeons qu’à nos vœux. Que fait, que dit Achille ?
Lorsque j’étais absente, a-t-il été tranquille ?
Vous parlait-il de moi ? que vous en a-t-il dit ?
Me puis-je flatter d’être encore en son esprit ?
Et Patrocle ? Sans doute il est toujours fidèle.
Je vous trouve, du moins, toujours charmante et belle.

LYDIE.

Que ce soit mon mérite ou la faveur des Cieux,
Patrocle jusqu’ici me voit des mêmes yeux ;
L’hymen serait déjà garant de sa constance ;
Mais, comme Achille doit y joindre sa présence,
A son