Je dois seul en être idolâtre ;
Il n’est pas fait pour un volage amant.
Hélas ! que me sert-il de l’aimer constamment ?
Scène II
Polyphème, Galatée.
POLYPHÈME
Venez-vous augmenter mes peines ?
Cruelle, ai-je à souffrir quelque nouveau mépris ?
GALATÉE
Tâchez de vous guérir ; vos poursuites sont vaines,
Je vous donne un sincère avis.
POLYPHÈME
Quoi ! c’est le fruit de ma souffrance !
C’est le fruit de mes soins si longs et si constants !
GALATÉE
Notre amour ne sert pas toujours de récompense
Et ce n’est pas toujours un ouvrage du temps.
POLYPHÈME
Vous écoutez les vœux d’un insolent, sans doute ;
Un berger vous parlait tout à l’heure en ce lieu.
GALATÉE
Ne pouvant vous aimer, qu’importe qui j’écoute ?
Un berger qui me plaît peut passer pour un dieu.
POLYPHÈME
Acis un dieu ! Je tiens ce dieu bien téméraire.
Qu’il évite ma colère !
Polyphème est son prince ; et j’ai dans ces hameaux
Cent bergers comme lui qui gardent mes troupeaux.
Ils font de votre nom résonner ces coteaux.
Si rien de moi vous pouvait plaire,
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