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Que la fin de cette querelle
Sera l’exil de l’un ; que l’autre, le chassant,
Le fera renoncer aux campagnes fleuries ?
Il ne régnera plus sur l’herbe des prairies,
Viendra dans nos marais régner sur les roseaux ;
Et, nous foulant aux pieds jusques au fond des eaux,
Tantôt l’une, et puis l’autre, il faudra qu’on pâtisse
Du combat qu’a causé madame la génisse.
Cette crainte était de bon sens.
L’un des taureaux en leur demeure
S’alla cacher, à leurs dépens :
Il en écrasait vingt par heure.

Hélas ! on voit que de tout temps
Les petits ont pâti des sottises des grands.

V

LA CHAUVE-SOURIS ET LES DEUX BELETTES

Une chauve-souris donna tête baissée
Dans un nid de belette ; et, sitôt qu’elle y fut,
L’autre, envers la souris de longtemps courroucée,
Pour la dévorer accourut.
Quoi ! vous osez, dit-elle, à mes yeux vous produire
Après que votre race a tâché de me nuire !
N’êtes-vous pas souris ? Parlez sans fiction.
Oui, vous l’êtes ; ou bien je ne suis pas belette.
Pardonnez-moi, dit la pauvrette,
Ce n’est pas ma profession.
Moi, souris, des méchants vous ont dit ces nouvelles.
Grâce à l’auteur de l’univers,
Je suis oiseau ; voyez mes ailes :