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Dès devant la pointe du jour
N’occupaient le trio qu’à chercher maint détour
Pour contenter cette cohorte.
Le buisson accrochait les passants à tous coups.
Messieurs, leur disait-il, de grâce, apprenez-nous
En quel lieu sont les marchandises
Que certains gouffres nous ont prises.
Le plongeon sous les eaux s’en allait les chercher.
L’oiseau chauve-souris n’osait plus approcher
Pendant le jour nulle demeure :
Suivi de sergents à toute heure,
En des trous il s’allait cacher.

Je connais maint detteur[1], qui n’est ni souris-chauve,
Ni buisson, ni canard, ni dans tel cas tombé,
Mais simple grand seigneur, qui tous les jours se sauve
Par un escalier dérobé.


VIII

LA QUERELLE DES CHIENS ET DES CHATS, ET CELLE DES CHATS
ET DES SOURIS

La discorde a toujours régné dans l’univers ;
Notre monde en fournit mille exemples divers :
Chez nous cette déesse a plus d’un tributaire.
Commençons par les éléments :
Vous serez étonnés de voir qu’à tous moments
Ils seront appointés contraire.
Outre ces quatre potentats[2],
Combien d’êtres de tous états
Se font une guerre éternelle !

  1. Débiteur.
  2. L’eau, l’air, la terre, et le feu.