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Mais que lui servait-il ? Quand le mal est certain,
La plainte ni la peur ne changent le destin ;
Et le moins prévoyant est toujours le plus sage.


XIII

TIRCIS ET AMARANTE

POUR MADEMOISELLE DE SILLERY[1]

J’avais Ésope quitté,
Pour être tout à Boccace ;
Mais une divinité
Veut revoir sur le Parnasse
Des fables de ma façon.
Or, d’aller lui dire, Non,
Sans quelque valable excuse,
Ce n’est pas comme on en use
Avec des divinités,
Surtout quand ce sont de celles
Que la qualité de Belles
Fait reines des volontés.
Car afin que l’on le sache,
C’est Sillery qui s’attache,
À vouloir que, de nouveau,
Sire loup, sire corbeau,
Chez moi se parlent en rime.
Qui dit Sillery dit tout :
Peu de gens en leur estime
Lui refusent le haut bout ;
Comment le pourrait-on faire ?

Pour venir à notre affaire,
Mes contes, à son avis,

  1. Gabrielle-Françoise Brulart de Sillery, nièce du duc de la Rochefoucauld, l’auteur des Maximes.