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_____Qui sont les soupirs et les larmes.
Que souffrir tels procès était un grand abus :
__Et que le cas méritait une amende :
_______Concluant pour le surplus
_______Au renvoi de la demande.
Le procureur d’Amours intervint là-dessus,
_____Et conclut aussi pour la belle.
_____La Cour, leurs moyens entendus,
La renvoya : permis d’être cruelle ;
Avec dépens ; et tout ce qui s’ensuit.
_____Cet arrêt fit un peu de bruit
_____Parmi les gens de la province.
La raison de douter était tous les cadeaux,
_____Bijoux donnés, et des plus beaux
__Qui prend se vend : mais l’intérêt du prince
_____Souvent plus fort qu’aucunes lois
_____L’emporta de quatre ou cinq voix.


XXXV.


BALADE[1]


Hier je mis chez Cloris en train de discourir
Sur le fait des romans Alizon la sucrée.
N’est-ce pas grand pitié, dit-elle, de souffrir
Que l’on méprise ainsi la Légende dorée,
Tandis que les romans sont si chère denrée ?
Il vaudrait beaucoup mieux qu’avec maint vers du temps,
De messire Honoré l’histoire fut brûlée.

  1. Cette Ballade a paru à la page 87 du recueil décrit dans la note 2 de la p. 57. Elle y est précédée de l’Avertissement que nous avons reproduit dans le tome III (pages 233-234) de la présente édition. Elle est citée dans le Menagiana (tome I, page ?134) sous le titre de Ballade des livres d’amour.