Page:La Fontaine - Œuvres complètes - Tome 5.djvu/368

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’affaires[1], et où le poëte s’applique fort consciencieusement, et non sans succès, à se montrer ennuyeux afin de donner une bonne opinion de lui à son respectable parent. Il est trop tard maintenant pour que nous puissions donner suite à ce projet, mais il est facile au lecteur de le réaliser, et nous nous permettrons de l’y engager : qu’il lise alternativement lettres et poésies d’après leurs dates, et il sera surpris de la lumière inattendue que cette façon si simple d’étudier répand sur l’histoire littéraire du temps, et surtout sur la biographie de La Fontaine.

Le seul inconvénient de ce classement chronologique, qui présente d’ailleurs tant d’avantages, est de n’être jamais rigoureusement définitif, et de ne fournir qu’une approximation toujours susceptible de perfectionnements.

J’ai, dès aujourd’hui, l’occasion d’ajouter à ce sincère aveu une preuve assez curieuse de ce que j’avance.

En racontant la querelle de La Fontaine et de Lully, Walckenaer lui a donné pour origine le refus fait par le célèbre compositeur de jouer l’opéra de Daphné, auquel il passe pour avoir préféré la Proserpine de Quinault, représentée le 3 février 1680. Les deux opuscules que La Fontaine écrivit à ce sujet étaient malheureusement déjà placés au rang que leur assignait cette date et imprimés dans ce volume, quand je trouvai un témoignage qui prouvait que l’épître À Madame de Thiange était, de plusieurs années, antérieure à cette époque.

  1. T. III, p. 279 — 288.