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Gnaton

Pauvres gens ! d’attirer sur vos bras un tel homme !
Vous feriez beaucoup mieux de l’avoir pour amy.
Il ne sçait ce que c’est d’obliger à demy.

Phœdrie

Beaucoup mieux ! Et qu’es-tu pour parler de la sorte ?
Si je te vois jamais regarder cette porte,
M’entes-tu ? tu sçauras ce que pese ma main.
Ne me va point conter : C’est icy mon chemin,
Et je ne sçaurois pas m’empescher d’y paraistre :
Je ne veux voir autour le valet ny le maistre ;
Est-ce bien s’expliquer ?

Gnaton

Est-ce bien s’expliquer ? Des mieux, et nettement.
Mais peut-on à l’écart vous parler un moment ?

Phœdrie

Hé bien ?

Gnaton, bas à l’écart

Hé bien ? Nostre Soldat a la bource garnie ;
Vous le pouvez admettre en vostre compagnie.
Il n’est pas pour vous nuire aupres d’aucun objet ;
Pour donner du soupçon c’est un foible sujet.
Si Thaïs l’a souffert, vous en sçavez la cause ;
Sa presence d’ailleurs est bonne à quelque chose :
Il peut, sans vous causer de crainte et de soucy,
Vous défrayer de rire, et de festins aussi.

Phœdrie

J’accepte, au nom des trois, le party qu’on nous offre ;
Non que nous ayons peur de foüiller dans le coffre,
Mais afin d’en tirer du divertissement.
J’en vais dire à Chremès quatre mots seulement ;
Car, que d’aucun soupçon mon ame soit saisie,
Le Soldat n’est pas homme à donner jalousie.
Tout ce que j’en ay dit estoit pour l’abuser ;
Mais crois-tu qu’au hazard il se veuille exposer ?