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Pamphile

Je ne sçais, je crains tout, je suis irresoluë,
Va briguer quelque voix sur mon cœur absoluë.

Cherée

Que je tienne de vous l’espoir d’un si grand bien.

Pamphile

Sans l’aveu de Thaïs je ne te promets rien ;
Elle a sur mes desirs une entiere puissance ;
Ce que j’aurois aux miens rendu d’obeïssance,
Je le dois à ses soins, par qui j’espere en fin
Retrouver mes parens, et changer de destin.

Cherée

Pamphile, songez-y, la chose est importante ;
Et puis qu’en vos mal heurs un moyen se presente,
Ne le rejettez pas, il est en vostre main.

Pamphile

Qui me peut garantir ce discours incertain ?

Cherée

Moy-mesme.

Pamphile

Moy-mesme. Un tel garant n’asseure point mon ame ;
Quand vous voulez monstrer l’effet de vostre flame,
Un parent, un tuteur, un amy bien souvent,
Font que de tels projets il ne sort que du vent ;
Quelquefois, pour changer, ils vous servent d’excuse.

Cherée

Contre ces lâchetez, dont chacun nous accuse,
Je n’oppose qu’un mot : dans trois jours au plus tard,
Si l’effet ne s’en voit, ou d’une ou d’autre part,
Vous pourrez m’accuser de parjure et de feinte ;
Mais aussi jusques-là suspendez vostre crainte,
Et faites de mes vœux un meilleur jugement.

Pamphile

Le terme n’est pas long, j’y consens aisément :