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SCENE V.

ULISSE, AJAX, ACHILLE.

ULISSE

?Vous me voyez, seigneur,
Plus encor comme ami que comme ambassadeur.
?Vous souvient-il des lieux où, sous un mol ombrage,
On faisoit, malgr?é vous, languir votre courage ?
De nym?phes entour?, vous perdiez vos beaus jours (1).
The?ti?s d’un vain danger laissoit passer le cours.
Je vous vis; j’approchay sous un habit de femme:
De l’amour des hauts faits je vous enflammay l'ame.
On vous y vid courir: ce fut par mon moyen.
le ne viens point icy vous reprocher ce bien:
Je ne viens que vous rendre, avec dons, la princesse,
Au nom du fier Atride et de toute la Grece.
Ne laisserez-vous point flechir vostre courroux ?
Faut-il que nos transports durent autant que nous ?
Jusqu’au départ, du moins, suspendez vo?s querelle?s.
Songez que d'actions memorables et belles
Vous perdez; car chez vous vaincre et combatre est un.
Vous n’estes pus de ceux qui n’ont qu’un sort commun:
Contans pour le remplir d’une seule victoire,
Par le devoir, sans plus, ils marchent à la gloire.
Le monde attend de-vous de plus puissans efforts.
Si vous ne voulez pus sejourner chez les morts,
Par de nouveaus dangers distinguez-vous des hommes.

i. Premier texte:

Cru fille, vous laissiez languir votre. courage ? Vous-mesme dans l'erreur couliez sans soin vos jours.

Le second vers a ?été? ensuite ainsi modifié: Vous-mesme dans l’erreur perdiez vos plus beaus jours.