Page:La Fontaine - Œuvres complètes - Tome 4.djvu/427

Cette page n’a pas encore été corrigée


Le théâtre représente la fontaine de la Vérité d'amour dans une forêt agréable.


Scène I



ASTRÉE


Enfin me voilà seule, et j'ai trompé Philis.

Venez, monstres cruels : ce n'est pas que j'espère

Que ma beauté faible et légère

Donne atteinte à des sorts par l'Enfer établis.

Je ne veux que mourir.

Céladon, tu m'appelles.

Si parmi les choses mortelles

Quelqu'une peut encore t'attacher ici-bas,

Plains la bergère qui t'adore ;

Ce n'est plus pour moi que l'Aurore

Reparaîtra dans nos climats.

Chère ombre, je te suis. Adieu, rives cruelles ;

Adieu, Soleil, adieu, mes compagnes fidèles :

N'aimez point, ou tâchez de bannir de l'amour

Les soupçons, les dépits, les injustes querellent

Celui que je regrette en a perdu le jour.