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GALATÉE


Vous pâlissez ; vous changez de visage.

CÉLADON


Nymphe, c'est malgré moi que sous un doux ombrage

L'aspect de ce fatal rivage

A rappelé les maux que je viens d'endurer.

GALATÉE


De vos chagrins, de cette triste image

Puisse le Ciel vous délivrer !

Divertis ses soins, Léonide ;

Fais-lui voir de ces lieux toutes les raretés ;

Parle-lui de cet antre, où des flots enchantés

Faisaient connaître un cœur ou constant ou perfide.


Scène IV



Céladon, Léonide.


LÉONIDE


Dans le fond de ce bois est un antre sacré.

Là, jadis chacun à son gré

Pouvait, en regardant dans une onde fidèle

Qui coule en ce lieu révéré,

Connaître si l'objet en son cœur adoré

Ne brûlait point de quelque ardeur nouvelle.

Cette fontaine a nom la Vérité d'amour :

On n'en approche plus ; deux monstres à l'entour

Interdisent l'abord d'une source si belle.

CÉLADON


Léonide, je sais que cet enchantement

Nuit ou sert à plus d'un amant.

Voyez combien il m'est contraire

Sans ces monstres pleins de fureur,